Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

une couple de courtisanes : mais il médite avec deux profonds et savants docteurs. Il n’est pas à dormir pour engraisser son corps indolent : mais il prie pour enrichir son âme vigilante. Heureuse l’Angleterre, si ce vertueux prince voulait se charger d’en être le souverain ! Mais, je le crains bien, jamais nous n’obtiendrons cela de lui.

Le Maire. ― Vraiment, Dieu nous préserve d’un refus de sa part !

Buckingham. ― Ah ! je crains bien qu’il ne refuse.― Voilà Catesby qui revient. (Entre Catesby.) Eh bien, Catesby, que dit Sa Grâce ?

Catesby. ― Elle ne conçoit pas dans quel but vous avez réuni un si grand nombre de citoyens, pour les amener chez elle, sans l’en avoir prévenue auparavant ; elle craint, milord, que vous n’ayez de mauvais desseins contre elle.

Buckingham. ― Je suis mortifié que mon noble cousin puisse me soupçonner de mauvais desseins contre lui. Par le ciel ! nous venons à lui remplis d’affection ; retournez encore, je vous prie, et assurez-en Sa Grâce. (Catesby sort.) Quand ces hommes pieux et d’une dévotion profonde sont à leur chapelet, il est bien difficile de les en retirer : tant sont doux les plaisirs d’une fervente contemplation.

(Glocester paraît sur un balcon élevé, entre deux évêques. Catesby revient avec lui.)

Le Maire. ― Eh ! tenez, voilà Sa Grâce qui arrive entre deux ecclésiastiques.

Buckingham. ― Deux appuis pour la vertu d’un prince chrétien, et qui le préservent des chutes de la vanité ! Voyez ! dans sa main un livre de prières : ce sont là les véritables parures auxquelles se fait reconnaître un saint.― Fameux Plantagenet, très-gracieux prince, prête une oreille favorable à notre requête, et pardonne-nous d’interrompre les dévots exercices de ton zèle vraiment chrétien.

Glocester. ― Milord, vous n’avez pas besoin d’apologie. C’est moi qui vous prie de m’excuser si mon ardeur