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Richard n’agit, que sur ceux qui ont intérêt à s’en laisser aveugler ; le peuple demeure muet à ces lâches appels par lesquels on l’invite à s’unir aux hommes en pouvoir qui vont donner leur voix pour l’injustice ; ou si quelques voix inférieures s’élèvent, c’est pour exprimer un sentiment général d’éloignement et d’inquiétude, et faire entrevoir, à côté d’une cour servile, une nation mécontente. L’attente qui en résulte, le pathétique de quelques scènes, la sombre énergie du caractère de Marguerite, l’inquiète curiosité qui s’attache à ces projets si menaçants et si vivement conduits achèvent de répandre sur cet ouvrage un intérêt qui explique la constance de son succès.

Le style de Richard III est assez simple et, si l’on en excepte un ou deux dialogues, il offre peu de ces subtilités qui fatiguent quelquefois dans les plus belles pièces de Shakspeare. Dans le rôle de Richard, l’un des plus spirituels de la scène tragique, l’esprit est presque entièrement exempt de recherche.

Ce drame comprend un espace de quatorze ans, depuis 1471 jusqu’en 1485.

Il paraît avoir été représenté en 1597 ou avait, avant cette époque, plusieurs pièces sur le même sujet.