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Stanley. ― Les lords qui sont à Pomfret étaient joyeux aussi, lorsqu’ils partirent de Londres ; ils s’y croyaient bien en sûreté ; ils n’avaient, en effet, aucun sujet de défiance, et pourtant vous voyez combien promptement le jour s’est obscurci pour eux : ce coup, si soudainement porté par la haine, éveille mes inquiétudes ; veuille le Ciel que ma peur n’ait pas le sens commun ! ― Eh bien ! nous rendrons-nous à la Tour ? Le jour s’avance.

Hastings. ― Allons, allons ; j’ai quelque chose à vous dire… Devinez-vous ce que c’est, milord ? Aujourd’hui, les lords dont vous parlez sont décapités.

Stanley. ― Hélas ! pour la fidélité, ils méritent mieux de porter leurs têtes que quelques-uns de ceux qui les ont accusés de porter leurs chapeaux. Mais, venez, milord ; partons.

(Entre un sergent d’armes.)

Hastings. ― Allez toujours devant, je veux dire un mot à ce brave homme. (Sortent Stanley et Catesby.)― Eh bien, ami, comment va ?

LE SERGENT.― D’autant mieux, que Votre Seigneurie veut bien s’en informer.

Hastings. ― Je te dirai, mon ami, que les choses vont mieux pour moi, aujourd’hui, que la dernière fois que tu me rencontras ici. On me conduisait en prison à la Tour où j’étais envoyé par les menées des parents de la reine ; mais maintenant je te dirai (garde cela pour toi) qu’aujourd’hui ces mêmes ennemis sont mis à mort, et que je suis en meilleure position que je n’étais alors.

LE SERGENT.― Dieu veuille vous y maintenir, à la satisfaction de Votre Honneur.

Hastings. ― Mille grâces, ami. Tiens, bois à ma santé.

(Il lui jette sa bourse.)

LE SERGENT.― Je remercie Votre Honneur.

(Sort le sergent.)

(Entre un prêtre.)

LE PRÊTRE.― Bienheureux de vous rencontrer, milord, je suis fort aise de voir Votre Honneur.

Hastings. ― Je te remercie de tout mon cœur, mon bon sir John. Je vous suis redevable pour votre dernier office.