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Oxford m’avait terrassé, il me sauva la vie, en disant : Cher frère, vivez, et soyez roi ? Qui m’a rappelé comment, lorsque couchés tous deux sur la terre, nous étions presque morts de froid, il m’enveloppa de ses propres vêtements, et s’exposa nu et sans force au froid pénétrant de la nuit ? Hélas ! ma brutale colère avait criminellement arraché tout cela de mon souvenir, et pas un de vous n’a eu la charité de me le remettre…. Mais lorsqu’un de vos palefreniers ou de vos valets de pied a commis un meurtre dans l’ivresse, et défiguré la précieuse image de notre bien-aimé Rédempteur, vous voilà aussitôt à mes genoux demandant pardon, pardon ; et il faut qu’injuste autant que vous, je vous l’accorde ! ― Mais pour mon frère, personne n’a élevé la voix, ni moi non plus, ingrat ! je ne me suis rien dit en faveur de ce pauvre malheureux ! ― Les plus fiers d’entre vous ont été ses obligés pendant sa vie, et pas un de vous n’aurait parlé pour le défendre.― Ô Dieu ! je crains bien que ta justice ne venge ce crime sur moi, sur vous, sur les miens et les vôtres ! ― Venez, Hastings ; aidez-moi à regagner mon cabinet.― Ô pauvre Clarence !….

(Sortent le roi et la reine, Hastings, Rivers, Dorset et Grey.)

Glocester. ― Voilà les fruits d’une aveugle colère ! ― N’avez-vous pas remarqué comme tous ces coupables parents de la reine ont pâli à la nouvelle de la mort de Clarence ! Oh ! ils n’ont cessé de la solliciter auprès du roi. Dieu en tirera vengeance.― Allons, milord, voulez-vous venir avec moi tenir compagnie à Édouard, pour soulager sa douleur ?

Buckingham. ― Nous suivons Votre Grâce.

(Ils sortent.)


Scène 2

Toujours à Londres.

Entre la Duchesse d’York, avec le fils et la fille de Clarence}}

Le Fils.― Bonne grand’maman, dites-nous si notre père est mort.