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oisons comme Stanley, Hastings, Buckingham ; et je leur dis que c’est la reine et sa famille qui aigrissent le roi contre le duc mon frère : les en voilà tous persuadés ; et ils m’excitent à me venger de Rivers, de Vaughan et de Grey ; mais je leur réponds, avec un soupir accompagné d’un lambeau de l’Écriture, que Dieu nous ordonne de rendre le bien pour le mal : c’est ainsi que je couvre la nudité de ma scélératesse de quelque vain bout de phrase volé aux livres sacrés, et je parais un saint, précisément lorsque je joue le mieux le rôle du diable ! ― Mais, silence ; voilà mes exécuteurs. (Entrent deux assassins.) Eh bien, mes braves, mes robustes et résolus compagnons, êtes-vous prêts à finir cette affaire ?

premier assassin. ― Tout prêts, milord ; et nous venons chercher un ordre qui nous autorise à pénétrer jusqu’aux lieux où il est.

Glocester. ― J’y ai bien pensé : je l’ai ici sur moi. (Il leur donne l’ordre.) Dès que vous aurez fini, réfugiez-vous à Crosby. Mais, messieurs, de la promptitude dans l’exécution, et soyez inexorables. Ne vous arrêtez point à l’entendre plaider ; car Clarence parle bien, et peut-être finirait-il par exciter vos cœurs à la pitié, si vous écoutiez ses discours.

Second assassin. ― Allez, allez, milord, nous ne nous amuserons pas à babiller : les grands parleurs ne sont pas bons pour l’action. Soyez certain que nous allons agir du bras, et non pas de la langue.

Glocester. ― Oui, vos yeux pleurent des meules de moulin, quand les imbéciles versent des larmes. Vous me plaisez tout à fait, mes enfants. Sur-le-champ à l’ouvrage… Allez, allez, dépêchez.

premier assassin. ― Nous y allons, mon noble lord.


(Ils sortent.)


Scène 4

À Londres.― Une chambre dans la Tour.

Entrent Clarence et Brakenbury

Brakenbury. ― D’où vous vient aujourd’hui, milord, cet air si abattu ?