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Glocester. ― À toi, qui n’as pas plus de probité que d’honneur. Quand t’ai-je fait tort ? ou à toi, ou à toi (en montrant les autres lords), à aucun de votre cabale ? Dieu vous confonde tous ! Sa Majesté….. que Dieu veuille conserver plus longtemps que vous ne le souhaitez ! }}) ne peut respirer un moment tranquille, que vous n’alliez la fatiguer de vos infâmes délations.

Élisabeth. ― Mon frère de Glocester, vous avez mal pris la chose. Le roi, de sa propre et royale volonté, et sans en avoir été sollicité par personne, ayant en vue, apparemment, la haine que vous nourrissez dans votre cœur, et qui éclate dans votre conduite, contre mes enfants, mes frères et moi-même, vous mande auprès de lui, afin de prendre connaissance des motifs de votre mauvaise volonté pour travailler à les écarter.

Glocester. ― Je ne saurais dire, mais le monde est devenu si pervers, que le roitelet vient picoter là où n’oserait percher l’aigle.― Depuis que tant de Gros-Jean sont devenus gentilshommes, bien des gentilshommes sont redevenus Gros-Jean.

Élisabeth. ― Allons, allons, mon frère Glocester, nous devinons votre pensée. Vous êtes blessé de mon élévation et de l’avancement de mes amis : Dieu nous fasse la grâce de n’avoir jamais besoin de vous !

Glocester. ― En attendant, Dieu nous fait la grâce, madame, d’avoir besoin de vous : c’est par vos menées que mon frère est emprisonné, que je suis moi-même disgracié, et que la noblesse du royaume est tenue en mépris ; tandis qu’on fait tous les jours de nombreuses promotions pour anoblir des personnages qui, deux jours auparavant, avaient à peine un noble.

Élisabeth. ― Au nom de Celui qui, du sein de la destinée tranquille où je vivais satisfaite, m’a élevée à cette