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HENRI VIII.

ACTE TROISIÈME


SCÈNE I

Le palais de Bridewell. — Une pièce des appartements de la reine.
LA REINE et quelques-unes des femmes occupées à des ouvrages de leur sexe.

CATHERINE, à une de ses femmes. — Jeune fille, prends ton luth. Mon âme se sent toujours plus accablée de ses ennuis : chante et dissipe-les, si tu peux ; quitte ton ouvrage.

CHANT.

Orphée avec son luth obligea les arbres
Et les cimes des montagnes glacées
A s’incliner lorsqu’il chantait.
À ses accens, plantes et fleurs
Ne cessaient d’éclore. Comme le soleil et les pluies,
Il donnait aux lieux qu’il habitait un éternel printemps.
Toutes choses, en écoutant ses accords,
Les vagues de la mer elles-mêmes,
Penchaient leur tête, et s’arrêtaient autour de lui,
Tant est grand le pouvoir de la douce musique
Elle tue les soucis ;et les chagrins du cœur
Expirent, ou s’assoupissent à sa voix.

(Entre un gentilhomme.)

CATHERINE. — Qu’y a-t-il ? LE GENTILHOMME. — Sous le bon plaisir de Votre Majesté, les deux vénérables cardinaux attendent dans la salle d’audience. CATHERINE. — Veulent-ils me parler ?