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HENRI VIII.

NORFOLK. — Si cela dure, je me hasarderai à lui porter quelque coup. SUFFOLK. — Et moi un autre.

(Sortent Suffolk et Norfolk.)

WOLSEY. — Votre Grâce a donné un exemple de sagesse au-dessus de tous les princes de l’Europe, en vous rapportant librement de votre scrupule au jugement de la chrétienté. Qui pourrait maintenant s’offenser ? Quel reproche pourrait vous atteindre ? L’Espagnol, qui tient à la reine par les liens du sang et de l’affection, doit avouer aujourd’hui, s’il est de bonne foi, la justice et la noblesse de cette discussion solennelle. Tous les clercs, c’est-à-dire tous les clercs instruits et savants des royaumes chrétiens ont la liberté du suffrage : Rome, la gardienne de toute sagesse, sur l’invitation qu’elle en a reçue de votre auguste personne, nous a envoyé un interprète universel, cet excellent homme, cet ecclésiastique intègre et savant, le cardinal Campeggio, que je présente de nouveau à Votre Majesté. LE ROI HENRI. — Et de nouveau je lui exprime, en le serrant dans mes bras, ma joie de le voir, et je remercie le saint conclave de l’amitié qu’il me témoigne en m’envoyant un homme tel que je pouvais le désirer. CAMPEGGIO. — Votre Grâce ne peut manquer, par la noblesse de sa conduite, de mériter l’amour de tous les étrangers. Je présente à Votre Majesté le brevet de ma commission, en vertu duquel (de l’autorité de la cour de Rome), vous, milord cardinal d’York, vous êtes associé à moi, son serviteur, pour le jugement impartial de cette affaire. LE ROI HENRI. — Deux hommes d’égale force. La reine va être informée tout à l’heure du sujet de votre mission. — Où est Gardiner ? WOLSEY. — Je sais que Votre Majesté l’a toujours trop tendrement aimée pour lui refuser ce que la loi accorderait à une femme d’un rang inférieur au sien, des jurisconsultes qui puissent librement défendre sa cause. LE ROI HENRI. — Oui, elle en aura, et les plus habiles et ma faveur est pour celui qui la défendra le mieux : Dieu