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HENRI VIII.

me séparera de vous pour si longtemps, faites de vos prières unies un sacrifice agréable qui aide mon âme à s’élever vers le ciel. — (À ses gardes.) Conduisez-moi, au nom de Dieu. LOVEL. — Au nom de la charité, je conjure Votre Grâce, si jamais vous avez caché dans votre cœur quelque animosité contre moi, de me pardonner aujourd’hui avec sincérité. BUCKINGHAM. — Sir Thomas Lovel, je vous pardonne aussi sincèrement que je veux être pardonné moi-même ; je pardonne à tous. Il ne peut y avoir contre moi d’offenses assez innombrables pour que je ne puisse les oublier en paix ; aucun noir sentiment de haine ne fermera mon tombeau. — Recommandez-moi à Sa Majesté, et si elle parle de Buckingham, je vous prie dites-lui que vous l’avez rencontré à moitié dans le ciel ; mes vœux et mes prières sont encore pour le roi, et, jusqu’à ce que mon âme m’abandonne, ils ne cesseront d’implorer sur lui les bénédictions du Ciel ! Puisse-t-il vivre plus d’années que je n’en saurais compter pendant le temps qui me reste à vivre ! Puisse sa domination être à jamais chérie et bienveillante ; et lorsque le grand âge le conduira à sa fin, que la bonté et lui n’occupent qu’un seul et même tombeau ! LOVEL. — C’est moi qui dois conduire Votre Grâce jusqu’au bord de la rivière : là, je vous remettrai à sir Nicolas de Vaux, qui est chargé de vous accompagner jusqu’à la mort. DE VAUX. — Préparez tout : le duc s’avance ; ayez soin que la barge soit prête, et décorée de tout l’appareil qui convient à la grandeur de sa personne. BUCKINGHAM. — Non, sir Nicolas ; laissez cela. La pompe de mon rang n’est plus pour moi qu’une dérision. Lorsque je suis venu ici, j’étais lord grand connétable et duc de Buckingham : maintenant, je ne suis que le pauvre Édouard Bohun ; et, cependant, je suis plus riche que mes vils accusateurs, qui n’ont jamais su ce que c’était que la vérité. Moi, maintenant je la scelle de mon sang, et je les ferai gémir un jour sur ce sang. Mon noble père,