aveux, et me répéter de point en point la trahison de son maître.
CATHERINE.—Non, il faut que je reste à vos pieds ; je suis une suppliante. LE ROI HENRI.—Levez-vous, et prenez place auprès de nous. Il y a toujours une moitié de vos demandes que vous n’avez pas besoin d’exprimer ; vous avez la moitié de notre pouvoir, et l’autre vous est accordée avant que vous la demandiez. Déclarez votre volonté, et elle sera exécutée. CATHERINE.—Je rends grâces à Votre Majesté. L’objet de ma pétition est que vous daigniez vous aimer vous-même, et que, d’après ce sentiment, vous ne perdiez pas de vue votre honneur et la dignité de votre rang. LE ROI HENRI.—Continuez, madame. CATHERINE.—Un grand nombre de personnes, et toutes d’une condition relevée, m’ont conjurée de vous dire, de vous apprendre que vos sujets souffrent cruellement ; qu’on a fait circuler dans le royaume des ordres qui ont porté un coup fatal à leurs sentiments de fidélité ; et quoique dans leurs ressentiments, mon bon lord cardinal, ce soit contre vous qu’ils s’élèvent avec le plus d’amertume, comme le promoteur de ces exactions, cependant le roi notre auguste maître (dont le Ciel veuille préserver le nom de toute tache !), le roi lui-même n’échappe pas à des propos tellement irrévérents, que, brisant toutes les retenues qu’impose la loyauté, ils se tournent presque en révolte déclarée. NORFOLK.—Non pas presque, mais tout à fait, car, opprimés par ces taxes, tous les fabricants se trouvant hors d’état d’entretenir les ouvriers de leurs ateliers, ont renvoyé les fileurs, cardeurs, fouleurs et tisserands