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ACTE I, SCÈNE I.


conséquences, que je regarde en quelque sorte comme les enfants de la vieille mère : c’est que l’empereur Charles, sous couleur de rendre visite à la reine sa tante (car voilà son prétexte, mais il est venu en effet pour marmotter avec Wolsey), nous arrive ici dans la crainte où il était que cette entrevue de la France et de l’Angleterre ne vint à établir entre ces deux puissances une amitié contraire à ses intérêts ; car il a pu entrevoir dans ce traité des dangers qui le menaçaient. Il négocie secrètement avec notre cardinal, pour l’engager à changer les projets du roi, et lui faire rompre la paix ; et c’est, je n’en doute pas, après avoir fait et pavé un pont d’or que l’empereur a exprimé son désir, et j’ai d’autant plus de raisons de le croire que je sais certainement qu’il a payé avant de promettre, en sorte que sa demande a été accordée avant qu’il la formât. Il faut que le roi sache, comme il le saura bientôt par moi, que c’est ainsi que le cardinal achète et vend comme il lui plait, et à son profit, l’honneur de Sa Majesté. NORFOLK.—Je suis fâché d’entendre ce que vous dites du cardinal, et je désirerais qu’il y eût là quelque erreur sur son compte. BUCKINGHAM.—Il n’y a pas l’erreur d’une syllabe ; je le déclare tel que je vous le peins ; la preuve vous le montrera tel.

(Entre Brandon avec un sergent d’armes, et devant lui deux ou trois gardes.)

BRANDON.—Sergent, faites votre devoir. LE SERGENT.—Au nom du roi, notre souverain, je vous arrête, milord duc de Buckingham, comte d’Hereford, de Strafford et de Northampton, pour crime de haute trahison. BUCKINGHAM.—Tenez, milord, me voilà pris dans ses filets ; je périrai victime de ses intrigues et de ses menées. BRANDON.—Je suis fâché de vous voir ôter la liberté d’agir dans cette affaire ; mais la volonté de Sa Majesté est que vous vous rendiez à la Tour.

BUCKINGHAM.—Il ne me servira de rien de vouloir dé-

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