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vinssent de la terre. Point de soleil aujourd’hui ! Eh bien, que m’importe, à moi, plus qu’à Richmond ? Le ciel sinistre pour moi est également sinistre pour lui.

Norfolk. ― Aux armes ! aux armes, seigneur ! l’ennemi nous brave dans la plaine.

(Entre Norfolk.)

Le roi Richard. ― Allons. En mouvement, en mouvement.― Qu’on caparaçonne mon cheval. Allez chercher lord Stanley : dites-lui d’amener ses troupes.― Je veux conduire mon armée dans la plaine, et voici mon ordre de bataille.― Mon avant-garde se déploiera sur une ligne, composée d’un nombre égal de cavalerie et d’infanterie. Nos archers seront placés dans le centre. John, duc de Norfolk, et Thomas, comte de Surrey, auront le commandement de cette infanterie et de cette cavalerie. Eux ainsi placés, nous les suivrons avec le corps de bataille, dont les ailes seront fortifiées par nos meilleurs cavaliers. Après cela, que saint George nous seconde ! ― Qu’en penses-tu, Norfolk ?

Norfolk. ― C’est un très-bon plan, mon guerrier souverain. J’ai trouvé cela ce matin sur ma tente.

(Il lui donne un papier.)

Le Roi Richard. lisant.― « Jockey de Norfolk, point trop d’audace ; ton maître Dickon est vendu et acheté. » Invention de l’ennemi.― Allons, messieurs, que chacun se place à son poste, ne laissons pas effrayer nos âmes par de vains songes. La conscience est un mot à l’usage des lâches, et inventé pour tenir le fort en respect ; que la vigueur de nos bras soit notre conscience, nos épées notre loi. En avant, joignons courageusement l’ennemi, jetons-nous dans la mêlée, et si ce n’est au ciel, allons ensemble en enfer.― Que vous dirai-je de plus que ce que je vous ai dit ? Rappelez-vous à qui vous avez affaire. À un ramas de vagabonds, de misérables, de proscrits, l’écume de la Bretagne ; de vils et ignobles paysans, vomis du sein de leur terre surchargée, pour se lancer dans les aventures désespérées, où ils vont trouver une perte certaine. Vous qui dormiez en paix, ils viennent vous arracher au repos ; vous qui avez des terres et le