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mort, vous dormez en paix. Si vous combattez les ennemis de votre patrie, la prospérité de votre patrie vous payera de vos travaux ; si vous combattez pour défendre vos femmes, vos femmes vous recevront avec joie en vainqueurs ; si vous délivrez vos enfants du glaive de la tyrannie, les enfants de vos enfants vous en récompenseront dans votre vieillesse. Ainsi, au nom de Dieu et de tous ces droits, déployez vos étendards, et tirez vos épées de bon cœur. Pour moi, si mon entreprise est téméraire, je la payerai de ce corps qui demeurera froid sur la froide surface de la terre ; mais, si je réussis, le dernier de vous tous recueillera sa part des fruits de ma victoire. Trompettes et tambours, sonnez hardiment et gaiement, Dieu et saint George ! Richmond et victoire !

(Ils sortent.)

(Rentrent le roi Richard, Ratcliff, suite, troupes.)

Le roi Richard. ― Que disait Northumberland, au sujet de Richmond ?

Ratcliff. ― Qu’il n’a jamais été formé au métier de la guerre.

Le roi Richard. ― Il disait la vérité.― Et Surrey, que disait-il ?

Ratcliff. ― Il disait, en souriant : Tant mieux pour nous.

Le roi Richard. ― Il avait raison, et cela est vrai en effet.― (L’horloge sonne.) Quelle heure est-il ? Donnez-moi un calendrier.― Qui a vu le soleil aujourd’hui ?

Ratcliff. ― Je ne l’ai pas aperçu, seigneur.

Le roi Richard. ― Il dédaigne apparemment de se montrer ; car, d’après le calendrier, il devrait embellir l’orient depuis une heure. Ce jour sera lugubre pour quelqu’un.― Ratcliff ?

Ratcliff. ― Seigneur ?

Le roi Richard. ― Le soleil ne veut point se laisser voir aujourd’hui. Le ciel se noircit et les nuages s’abaissent sur notre camp. Je voudrais que ces gouttes de rosée