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vous le dis : si nous voulons nous conserver dans les bonnes grâces du roi, je pense que le meilleur moyen est de nous mettre au nombre de ses gens, de porter sa livrée. La vieille et jalouse veuve et celle-ci, depuis que notre frère en a fait des dames, sont de puissantes commères dans cette monarchie.

Brakenbury. ― Je demande pardon à Vos Grâces : mais Sa Majesté m’a expressément enjoint de ne permettre à aucun homme, de quelque rang qu’il puisse être, un entretien particulier avec son frère.

Glocester. ― Oui ? Eh bien, s’il plaît à Votre Seigneurie, Brakenbury, vous pouvez être en tiers dans tout ce que nous disons : il n’y a nul crime de trahison dans nos paroles, mon cher.― Nous disons que le roi est sage et vertueux, et que la noble reine est d’âge à plaire, belle et point jalouse.― Nous disons que la femme de Shore a le pied mignon, les lèvres vermeilles comme la cerise, un œil charmant, le discours infiniment agréable ; que les parents de la reine sont devenus de beaux gentilshommes : qu’en dites-vous, mon ami ? Tout cela n’est-il pas vrai ?

Brakenbury. ― Milord, je n’ai rien à faire de tout cela.

Glocester. ― Rien à faire avec mistriss Shore ? Je te dis, ami, que celui qui a quelque chose à faire avec elle, hors un seul, ferait bien de le faire en secret et quand ils seront seuls.

Brakenbury. ― Hors un seul ! lequel, milord ?

Glocester. ― Eh ! son mari, apparemment.― Voudrais-tu me trahir ?

Brakenbury. ― Je supplie Votre Grâce de me pardonner, et aussi de cesser cet entretien avec le noble duc.

Clarence. ― Nous connaissons le devoir qui t’est imposé, Brakenbury, et nous allons obéir.

Glocester. ― Nous sommes les sujets méprisés de la