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moi l’autre jour, parce que je n’étais pas né gentilhomme : voyez-vous ces habits ? Dites que vous ne les voyez pas, et croyez encore que je ne suis pas né gentilhomme. Vous feriez bien mieux de dire que ces vêtements ne sont pas nés gentilshommes. Osez me donner un démenti, et essayez si je ne suis pas à présent né gentilhomme.

AUTOLYCUS.—Je sais que vous êtes actuellement, monsieur, un gentilhomme né.

LE FILS.—Oui, et c’est ce que je suis depuis quatre heures.

LE BERGER.—Et moi aussi, mon garçon.

LE FILS.—Et vous aussi.—Mais j’étais né gentilhomme avant mon père, car le fils du roi m’a pris par la main et m’a appelé son frère ; et ensuite les deux rois ont appelé mon père leur frère ; et ensuite le prince mon frère et la princesse ma sœur ont appelé mon père, leur père, et nous nous sommes mis à pleurer ; et ce sont les premières larmes de gentilhomme que nous ayons jamais versées.

LE BERGER.—Nous pouvons vivre, mon fils, assez pour en verser bien davantage.

LE FILS.—Sans doute, ou il y aurait bien du malheur, étant devenus nobles un peu tard.

AUTOLYCUS.—Je vous conjure, monsieur, de me pardonner toutes les fautes que j’ai commises contre Votre Seigneurie, et de vouloir bien m’appuyer de votre favorable recommandation auprès du prince mon maître.

LE BERGER.—Je t’en prie, fais-le, mon fils ; car nous devons être obligeants, à présent que nous sommes gentilshommes.

LE FILS.—Tu amenderas ta vie ?

AUTOLYCUS.—Oui, si c’est le bon plaisir de Votre Seigneurie.

LE FILS.—Donne-moi ta main : je jurerai au prince que tu es un aussi honnête et brave homme qu’on en puisse trouver en Bohême.

LE BERGER.—Tu peux le dire, mais non pas le jurer.

LE FILS.—Ne pas le jurer, à présent que je suis gentilhomme ? Que