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traire, celle de vous coucher ou d’aller au four pour éventer ces secrets, sans qu’il faille que vous veniez en jaser devant tous nos hôtes ? Il est heureux qu’ils se parlent à l’oreille. Faites taire vos langues, et pas un mot de plus.

MOPSA.—J’ai fini. Allons, vous m’avez promis un joli lacet et une paire de gants parfumés.

LE FILS DU BERGER.—Ne vous ai-je pas dit comment on m’avait filouté en chemin et pris tout mon argent ?

AUTOLYCUS.—Oh ! oui, sûrement, monsieur, il y a des filous par les chemins, et il faut bien prendre garde à soi.

LE FILS DU BERGER.—N’aie pas peur, ami, tu ne perdras rien ici.

AUTOLYCUS.—Je l’espère bien, monsieur, car j’ai avec moi bien des paquets importants.

LE FILS DU BERGER.—Qu’as-tu là ? des chansons ?

MOPSA.—Oh ! je t’en prie, achètes-en quelques-unes. J’aime une chanson imprimée à la fureur, car celles-là, nous savons qu’elles sont véritables.

AUTOLYCUS.—Tenez, en voilà une sur un air fort lamentable : comment la femme d’un usurier accoucha tout d’un coup de vingt sacs d’argent, et comment elle avait envie de manger des têtes de serpents et des crapauds grillés.

MOPSA.—Cela est-il vrai ? le croyez-vous ?

AUTOLYCUS.—Très-vrai, il n’y a pas un mois de cela.

DORCAS.—Les dieux me préservent d’épouser un usurier !

AUTOLYCUS.—Voilà le nom de la sage-femme au bas, une madame Porteconte ; et il y avait cinq ou six honnêtes femmes qui étaient présentes. Pourquoi irais-je débiter des mensonges ?

MOPSA, au jeune berger.—Oh ! je t’en prie, achète-la.

LE FILS DU BERGER.—Allons, mets-la de côté, et voyons encore d’autres chansons ; nous ferons les autres emplettes après.

AUTOLYCUS.—Voici une autre ballade d’un poisson qui se montra sur la côte, le mercredi quatre-vingts d’avril, à