services à un beau prince nouveau-né ; vous seriez bien content alors de jouer avec nous, si nous voulions de vous.
PREMIÈRE DAME.—Il est vrai qu’elle prend depuis peu une assez belle rondeur : puisse-t-elle rencontrer une heure favorable !
HERMIONE.—De quels sages propos est-il question entre vous ? Venez, mon ami ; je veux bien de vous à présent ; je vous prie, venez vous asseoir auprès de nous, et dites-nous un conte.
MAMILIUS.—Faut-il qu’il soit triste ou gai ?
HERMIONE.—Aussi gai que vous voudrez.
MAMILIUS.—Un conte triste va mieux en hiver ; j’en sais un d’esprits et de lutins.
HERMIONE.—Contez-nous celui-là, mon fils : allons, venez vous asseoir.—Allons, commencez et faites de votre mieux pour m’effrayer avec vos esprits ; vous êtes fort là-dessus.
MAMILIUS.—Il y avait une fois un homme…
HERMIONE.—Asseyez-vous donc là… Allons, continuez.
MAMILIUS.—Qui demeurait près du cimetière.—Je veux le conter tout bas : les grillons qui sont ici ne l’entendront pas.
HERMIONE.—Approchez-vous donc, et contez-le-moi à l’oreille.
(Entrent Léontes, Antigone, seigneurs et suite.)
LÉONTES.—Vous l’avez rencontré là ? et sa suite ? et Camillo avec lui ?
UN DES COURTISANS.—Derrière le bosquet de sapins : c’est là que je les ai trouvés ; jamais je n’ai vu hommes courir si vite. Je les ai suivis des yeux jusqu’à leurs vaisseaux.
LÉONTES.—Combien je suis heureux dans mes conjectures et juste dans mes soupçons ! —Hélas ! plût au ciel que j’eusse moins de pénétration ! Que je suis à plaindre de posséder ce don ! —Il peut se trouver une araignée noyée au fond d’une coupe, un homme peut boire la coupe, partir et n’avoir pris aucun venin, car son imagination n’en est point infectée ; mais si l’on offre à ses