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tirez aucune conséquence de tout ceci, de peur que vous ne disiez que votre reine et moi nous sommes de mauvais anges. Et pourtant, poursuivez : nous répondrons des fautes que nous vous avons fait commettre, si vous avez fait votre premier péché avec nous, et que vous avez continué de pécher avec nous, et que vous n’ayiez jamais trébuché qu’avec nous.

LÉONTES, à Hermione.—Est-il enfin gagné ?

HERMIONE.—Il restera, seigneur.

LÉONTES.—Il n’a pas voulu y consentir, à ma prière. Hermione, ma bien-aimée, jamais vous n’avez parlé plus à propos.

HERMIONE.—Jamais ?

LÉONTES.—Jamais, qu’une seule fois.

HERMIONE.—Comment ? j’ai parlé deux fois à propos ? et quand a été la première, s’il vous plaît ? Je vous en prie, dites-le-moi. Rassasiez-moi d’éloges, et engraissez-m’en comme un oiseau domestique ; une bonne action qu’on laisse mourir, sans en parler, en tue mille autres qui seraient venues à la suite ; les louanges sont notre salaire : vous pouvez avec un seul doux baiser nous faire avancer plus de cent lieues, tandis qu’avec l’aiguillon vous ne nous feriez pas parcourir un seul acre. Mais allons au but. Ma dernière bonne action a été de l’engager à rester : quelle a donc été la première ? Celle-ci a une sœur aînée, ou je ne vous comprends pas : ah ! fasse le ciel qu’elle se nomme vertu ! Mais j’ai déjà parlé une fois à propos : quand ? Je vous en prie, dites-le-moi, je languis de le savoir.

LÉONTES.—Eh bien ! ce fut quand trois tristes mois expirèrent enfin d’amertume, et que tu ouvris ta main blanche pour frapper dans la mienne en signe d’amour ; —tu dis alors : Je suis à vous pour toujours.

HERMIONE.—Allons, c’est vertu.—Ainsi, voyez-vous, j’ai parlé à propos deux fois : la première, afin de conquérir pour toujours mon royal époux ; la seconde, afin d’obtenir le séjour d’un ami pour quelque temps.

(Elle présente la main à Polixène.)

LÉONTES, à part.—Trop de chaleur quand on mêle de