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grande, mais gracieuse pour nous, figurez-vous le général de notre souveraine[1] revenant aujourd’hui, comme il pourra revenir dans un temps heureux, des terres de l’Irlande, portant sur son glaive les trophées de la rébellion domptée. O quelle multitude immense quitterait le sein paisible de Londres pour courir saluer son retour glorieux ! Plus grande était la foule qui volait au-devant de Henri, et plus grande aussi fut sa victoire. A présent, placez-le dans le palais de Londres, où l’humble plainte des Français gémissants invite le roi d’Angleterre à établir son séjour ; où l’empereur, s’intéressant pour la France, vient régler les articles de la paix ; franchissez tous les événements qui se succédèrent jusqu’au retour de Henri en France : c’est là qu’il faut le ramener. Moi-même j’ai employé l’intervalle à vous rappeler…. qu’il est passé. Souffrez donc cette abréviation ; et que vos yeux, suivant le vol de vos idées, reportent leurs regards sur la France.



Scène I

France. — Corps de garde anglais. FLUELLEN ET GOWER.

Gower. — Oh ! pour cela vous avez raison : mais pourquoi portez-vous encore votre poireau à votre chapeau ? La Saint-David est passée.

Fluellen. — Il y a des occasions et des causes, des pourquoi dans toutes choses. Tenez, je vous le dirai en ami, capitaine Gower, ce coquin, ce misérable mendiant, ce fanfaron, ce pendard de Pistol, que vous, vous-même, comme tout le monde, savez ne valoir pas mieux qu’un drôle, voyez-vous, qui n’a aucun mérite : eh bien, il est venu à moi hier m’apporter du pain et du sel, voyez-vous, et m’a dit de manger mon poireau. Or,

  1. e comte d’Essex, alors favori d’Elisabeth.