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Fluellen. — Cela n’est pas bien de votre part, voyez-vous, de m’arracher la parole de la bouche avant que mon conte soit fait et fini. Je ne parle qu’en figures et en comparaisons de l’histoire : de même qu’Alexandre tua son ami Clitus étant dans son vin et à boire, de même aussi Henri Monmouth, étant dans son bon sens et sain de jugement, a chassé le gros et gras baron, qui avait ce gros ventre, celui qui était si plein de bons mots, de plaisanteries, de bons tours et de bouffonneries…. j’ai oublié son nom….

Gower. — Quoi ! le chevalier Falstaff ?

Fluellen. — Précisément, c’est lui-même. Je vous dis qu’il y a de braves gens nés à Monmouth.

Gower. — Voilà Sa Majesté.

(Bruit de guerre. Entrent le roi Henri, Warwick, Glocester, Exeter, Fluellen, etc. Fanfare.)

Le roi. — Depuis que j’ai posé le pied en France, je ne me suis senti en colère que dans cet instant. Prends ta trompette, héraut : vole à ces cavaliers que tu vois là-bas sur la colline. S’ils veulent combattre, dis leur de descendre, sinon qu’ils évacuent la plaine : leur vue nous offense. S’ils ne veulent prendre ni l’un ni l’autre parti, nous irons les trouver, et nous les précipiterons de cette colline, aussi rapidement que la pierre lancée par les frondes de l’antique Assyrie. En outre, nous couperons la gorge de ceux que nous avons ici, et pas un de ceux que nous prendrons ne trouvera miséricorde. — Va le leur dire.

(Entre Montjoie.)

Exeter. — Voici le héraut de France, mon prince, qui vient vers nous.

Glocester. — Son regard est plus humble que de coutume. Le roi. — Quoi donc ! Que veut dire ceci, héraut ? Ne sais-tu pas que j’ai dévoué ces ossements au payement de ma rançon ? Viens-tu encore me parler de rançon ?

Montjoie. — Non, grand roi. Je viens te demander, au nom de l’humanité, la permission de parcourir cette plaine sanglante, d’y compter nos morts pour les ense-