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bourbon. — Opprobre ! éternel opprobre ! Partout la honte ! — Mourons à l’instant. — Retournons encore à la charge ; et que celui qui ne voudra pas suivre Bourbon se sépare de nous, et aille, son bonnet à la main comme un lâche entremetteur, se tenir à la porte pendant qu’un esclave aussi grossier que mon chien souille de ses embrassements la plus belle de ses filles.

Le connétable. — Que le désordre, qui nous a perdus, nous sauve maintenant ! Allons par pelotons offrir notre vie à ces Anglais.

Le Duc d’Orléan. — Nous sommes encore assez d’hommes vivants dans cette plaine pour étouffer les Anglais dans la presse, au milieu de nous, s’il est possible encore de rétablir un peu d’ordre.

bourbon. — Au diable l’ordre, à présent ! — Je vais me jeter dans le fort de la mêlée. Abrégeons la vie : autrement notre honte durera trop longtemps.

(Ils sortent.)


Scène VI

Autre partie du champ de bataille. Bruits de guerre. LE ROI HENRI entre avec ses soldats, puis EXETER et suite.

Le roi. — Nous nous sommes conduits à merveille, braves compatriotes : mais tout n’est pas fait ; les Français tiennent encore la plaine.

Exeter. — Le duc d’York se recommande à Votre Majesté.

Le roi. — Vit-il, ce cher oncle ? Trois fois, dans l’espace d’une heure, je l’ai vu terrassé, et trois fois se relever et combattre. De son casque à son éperon, il n’était que sang.

Exeter. — C’est en cet état, le brave guerrier, qu’il est couché, engraissant la plaine ; et à ses côtés sanglants est aussi gisant le noble Suffolk, compagnon fidèle de ses honorables blessures ! Suffolk a expiré le premier