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Gower. — Quoi ! l’ennemi fait tant de bruit ! vous l’avez entendu toute la nuit ?

Fluellen. — Et si l’ennemi est un âne, un sot, un bavard fanfaron, faut-il, croyez-vous, que nous soyons aussi, voyez-vous, âne, sot, et bavard et fanfaron ? En bonne conscience, que pensez-vous ?

Gower. — Je parlerai plus bas.

Fluellen. — Je vous en prie et je vous en supplie.

(Ils s’en vont.)

Le roi. — Quoiqu’il paraisse un peu de la vieille méthode, il y a beaucoup d’exactitude et de valeur dans ce Gallois.

(Entrent John Bates, Court et Williams.)

Court. — Frère John Bates, n’est-ce pas là le jour qui pointe là-bas ?

Bates. — Je m’imagine que oui ; mais, ma foi, nous n’avons pas sujet de souhaiter l’arrivée du jour.

Williams. — Oui, c’est bien le commencement du jour que nous voyons là-bas ; mais en verrons-nous la fin ? Qui va là ?

Le roi. — Ami.

Williams. — De quelle compagnie ?

Le roi. — De celle de sir Thomas Erpingham.

Williams. — Ah ! c’est un bon vieux commandant, et le plus excellent des hommes. Et que pense-t-il, je vous prie, de notre présente situation ?

Le roi. — Il nous regarde comme des gens jetés sur un banc de sable par un coup de vent, et qui n’attendent plus que la prochaine marée pour être tout à fait engloutis.

Bates. — Il n’a pas dit sa pensée au roi, n’est-ce pas ?

Le roi. — Non ; il ne serait pas fort à propos qu’il lui fit cette confidence ; car, je vous le dis, même à vous, que je regarde le roi, après tout, comme n’étant qu’un homme comme moi. La violette n’a pas d’autre odeur pour lui que pour moi ; l’air agit sur lui comme sur moi ; enfin ses sens sont affectés des objets comme les sens des autres hommes. Mettez à part cette pompe qui l’environne ; une fois dépouillé et nu, vous ne verrez plus