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les Alpes ! tombez sur lui ; vous avez assez de forces : ramenez-le dans les murs de Rouen captif, enchaîné sur un char victorieux.

Le connétable. — Voilà le rôle qui sied aux grands d’une nation ! J’ai un regret, c’est que l’ennemi soit si peu nombreux et si faible, que ses soldats soient épuisés de faim et des fatigues de leur marche : car, j’en suis sûr, aussitôt qu’il verra paraître notre armée, son cœur s’abîmera dans la crainte, et son plus grand exploit sera de nous offrir sa rançon.

Le roi de France. — Allez donc, lord connétable : hâtez le départ de Montjoie ; qu’il déclare à l’Anglais que nous envoyons savoir de lui quelle rançon il veut donner. Vous, prince dauphin, vous resterez avec nous dans Rouen.

Le dauphin. — Non, mon père, j’en conjure Votre Majesté.

Le roi de France. — N’insistez point : vous resterez avec nous. — Allons, partez, connétable ; et vous aussi, princes, et rapportez-nous promptement la nouvelle du désastre de l’Anglais.

(Ils sortent.)


Scène VI

Le camp anglais en Picardie. GOWER ET FLUELLEN.

Gower. — Eh bien, capitaine Fluellen, venez-vous du pont ?

Fluellen. — Je vous assure qu’il y a d’excellente besogne à ce pont.

Gower. — Le duc d’Exeter est-il en sûreté ?

Fluellen. — Le duc d’Exeter est aussi magnanime qu’Agamemnon, et c’est un homme que j’aime et que j’honore de toute mon âme, de tout mon cœur, de tout mon respect, pour toute ma vie, de toutes mes forces et