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combattre. Et vous, braves milices, dont les membres ont été formés dans l’Angleterre, montrez-nous ici la vigueur du sol qui vous a nourris : faites-nous jurer que vous êtes dignes de votre race. Et je n’en doute point ; car il n’en est aucun de vous, quelle que soit la bassesse obscure de sa condition, dont je ne voie les yeux briller d’un noble feu. — Je vous vois tous ardents comme le chien à la laisse, qui n’attend que le signal pour s’élancer. Eh bien, la chasse est ouverte : suivez l’ardeur qui vous emporte, et, dans l’assaut, criez : Dieu pour Henri ! Angleterre et Saint-George !

(Le roi sort avec sa suite.) (Bruit de combat ; on entend une décharge d’artillerie.)


Scène II

Les troupes défilent. Entrent NYM, BARDOLPH ET LE PAGE.

Bardolph. — Allons, avance, avance ; à la brèche, à la brèche.

Nym. — Caporal, je t’en prie, ne nous presse pas si fort, il fait un peu chaud. Quant à moi, je n’ai pas un magasin de vies. La plaisanterie n’en vaut rien ; voilà le fin mot de l’histoire.

Pistol. — Ce mot est des plus justes ; car les mauvaises plaisanteries abondent ici, « les coups pleuvent de droite et de gauche, les pauvres vassaux du bon Dieu tombent et meurent par milliers, et l’épée et le bouclier s’acquièrent d’immortels honneurs dans des champs de sang. »

le page. — Pour moi, je voudrais être dans une taverne à Londres ; je donnerais bien toute ma gloire à venir pour un pot de bière et ma sûreté.

Pistol. — Et moi, « s’il ne tenait qu’à faire des souhaits, je ne resterais pas ici non plus, et je ne serais pas dix minutes à t’y rejoindre.[1] »

  1. Les mots entre guillemets sont en vers dans le texte.