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Le roi. — Nous avons donc de grands motifs de reconnaissance, et nous oublierons l’usage de cette main avant d’oublier de récompenser le mérite et les services, suivant leur étendue et leur importance.

Scroop. — C’est le moyen de prêter au zèle des muscles d’acier, et le travail se réparera avec l’espérance de vous rendre des services continuels.

Le roi. — Nous n’attendons pas moins. — Mon oncle Exeter, faites élargir cet homme emprisonné d’hier, qui déclamait contre nous. Nous croyons que c’était l’excès du vin qui le poussait à cette licence ; à présent que ses sens refroidis l’ont rendu plus calme, nous lui pardonnons.

Scroop. — C’est un acte de clémence ; mais c’est aussi un excès de sécurité. Qu’il soit puni, mon souverain ; il est à craindre que votre indulgence et l’exemple de son impunité n’enfantent que des coupables.

Le roi. — Ah ! laissez-nous exercer la clémence.

Cambridge. — Votre Majesté peut l’exercer, et cependant punir aussi.

Grey. — Prince, ce sera montrer encore une assez grande clémence, si vous lui faites don de la vie, après lui avoir fait subir un sévère châtiment.

Le roi. — Ah ! c’est votre excès de zèle et d’attachement pour moi qui vous porte à presser le supplice de ce malheureux. Eh ! si l’on ne ferme pas les yeux sur des fautes légères, produites par l’ivresse, de quel œil faudra-t-il regarder des crimes capitaux, conçus, médités et arrêtés dans le cœur, lorsqu’ils paraîtront devant nous ? — Nous voulons qu’on élargisse cet homme, quoique Cambridge, Scroop et Grey…, dans leur tendre zèle et leur inquiète sollicitude pour la conservation de notre personne, désirent sa punition. — Passons maintenant à notre expédition de France. — Qui sont ceux qui doivent recevoir de nous une commission ?

Cambridge. — Moi, milord. Votre Majesté m’a enjoint de la demander aujourd’hui.

Scroop. — Vous m’avez enjoint la même chose, mon souverain.