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Nym. — Veux-tu que nous allions à l’écart ? je voudrais t’avoir solus.

(Rengainant son épée.)

Pistol. — Solus[1] ! Maudit chien ! basse vipère, je te renvoie sur ta face, dans les dents, dans ton gosier, dans tes maudits poumons, ta mâchoire, et ta sale bouche, ce qui est pire encore ; je te reporte ton, jusque dans tes entrailles ; car je puis prendre feu, ma mèche est allumée[2], et l’explosion s’ensuivra.

Nym. — Je ne suis pas Barbason[3] : vous ne pouvez me conjurer. — Il me prend une envie de vous assommer passablement bien. Si vous commencez une fois à me parler salement, Pistol, vous pouvez compter que je vous frotterai avec ma rapière, pour parler net, comme je le sais faire. Tenez, si vous voulez seulement venir à quatre pas, je vous chatouillerai les intestins de la belle manière, comme je le sais faire ; et voilà le plaisant de la chose !

Pistol. — Oh ! vil fanfaron et furibond maudit ! ton tombeau bâille, et la mort s’avance sur toi : rends l’âme.

(Ils tirent tous deux l’épée.)

BARDOLPH, en les séparant. — Écoutez, écoutez-moi un peu auparavant. Celui de vous qui donnera le premier coup peut compter que je lui passerai mon épée au travers du corps jusqu’à la garde ; et je le ferai, foi de soldat.

Pistol. — Voilà un serment bien redoutable ! Ce grand feu s’abattra. — Donne-moi ton poing, entends-tu ? Donne-moi ta patte de devant, te dis-je. Ma foi, j’admire ton courage.

Nym. — Tiens, pour te parler clair et net, je te couperai la gorge un de ces jours, et voilà le plaisant de la chose !

  1. Il se fâche du mot solus qu’il ne comprend pas, et auquel il attache un sens déshonorant.
  2. On ne doit pas oublier que Pistol veut dire pistolet, et l’imperfection de cette arme dans ce temps-là.
  3. Ce mot est également employé dans les Joyeuses Bourgeoises de Windsor.