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comme de bons frères. Allons, ainsi soit-il, caporal Nym ?

Nym. — Ma foi, je vivrai tant que j’ai à vivre, voilà ce qu’il y a de sûr ; et quand je ne pourrai plus vivre, je ferai comme je pourrai. Voilà ce que j’ai à dire là-dessus, et tout finit là.

Bardolph. — Ce qu’il y de certain, caporal, c’est qu’il est marié à Hélène Quickly ; et il n’est pas douteux qu’elle vous a manqué essentiellement ; car enfin elle vous avait donné sa foi.

Nym. — Je ne sais pas : il faut bien que les choses arrivent comme elles doivent arriver. Les gens peuvent dormir quelquefois, et pendant ce temps-là avoir leur gorge à côté d’eux ; et comme on dit les couteaux ont des tranchants. Il faut laisser aller les choses. Quoique Patience soit un cheval fatigué, il faudra bien qu’elle laboure ; les choses auront nécessairement une fin : enfin je ne puis rien dire.

(Entrent Pistol et mistriss Quickly.)

Bardolph. — Voilà le vieux Pistol, et sa femme qui viennent. Mon cher caporal, soyez patient. — Eh bien ! comment vous va, mon hôte Pistol ?

Pistol. — Maraud, je crois que tu m’appelles ton hôte ? je jure par cette main que j’en déteste le titre ; aussi mon Hélène ne tiendra plus d’auberge.

Quickly. — Non, sur ma foi, je ne tiendrai pas encore longtemps ; car nous n’oserions prendre en pension une douzaine de femmes honnêtes, vivant honnêtement avec la pointe de leurs aiguilles, sans que les gens s’imaginassent aussitôt qu’on tient un lieu suspect. — Oh ! par Notre-Dame (apercevant Nym, qui tire l’épée), qu’il ne dégaine pas ! Ou nous allons voir un adultère et un meurtre prémédités.

Bardolph. — Bon lieutenant… bon caporal… n’offrez pas ce spectacle.

Nym. — Bah !

Pistol. — Nargue pour toi, chien d’Islande, roquet d’Islande aux longues oreilles.

Quickly. — Mon bon caporal Nym, fais voir ta valeur, et rengaine ton épée.