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Les deux parties de ilenri IV ont été Faites d’un seul jet, ou du moins sans s’écarter d’un même cours d’idées ; non-seulement le Falstall de la seconde partie est bien le même homme que le Falstalf de la première, mais il est présenté sous le même aspect ; si dans cette seconde partie, Falstaff n’est pas tout îi fait aussi amusaut parce qu’il a fait fortune, parce que son esprit n’est plus employée le tireråans cesse. des embarras ridicules ou le jettent ses prétentions si peu d’accorer avec ses goûts et ses habitudes, n’est cependant avec le même genre de goûts et de prétentions qu’il est ramené sur la scèneÿ c’estΚon crédit sur l’esprit de Henri qu’il fait valoir auprès du juge Shallow, comme il se targuait, au milieu de de ses afiiilés, de la liberté dont il usait avec le prince ; et l’affront public qui lui sert de punition a la fin de la seconde partie de Henri IV n’est que la suite et le complement des alli-onts particuliers que Henri V, encore prince de Galles, s’est amusé à lui faire subir durant le couisiîdêfs deux pièces. En un mot, l’action commencée entre Falstall et le prince dans la première partie, est suivie sans interruption jusqu’à la fin de la seconde, et terminée alors comme elle devait nécessairement iinir, comme il avait été annoncé qu’elle finirait.

Les Joyeuses Bourgeoises de Windsor offrent une action toute diffišrente, présentent Falstalf dans une autre situation, sous un autre point de vue. C’est bien le même homme, il serait impossible de le méconnaître ; mais encore vieilli, encore plus enfoncé dans ses goûtsmiatériels, uniquement occupé ple satisfaire aux besoins de sa gloutonnerie. Doll Tear-Sheet abusait encore au moins son imagination, avec elle il se croyait libertin ; ici il n’y songe même plus ; c’est à se procurer de l’argent qu’il vont faire servir Pinsolence de sa galanterie ; c’est sur les moyens d’obtenir cette argent que le trompe encore sa vanité. Élisabeth avait demandé it Shakspearc, dit-on, un F alstalf amoureux ; mais Shalispearc, qui connaissait mieux qu’Él1sabeth les personnages dont il avait conçu l’iclee, sentit qu’un pareil genre de ridicule ne convenait pas à un pareil caractère, et qu’il fallait punir Falstalf par des endroits plus sensibles. La vanité même n’y suffirait pas ; Falstalï sait prendre son parti de toutes les hontes ; au point oiiil en est’arrivé, il ne cherche même plus în les dissimuler. La vivacité avec laquelle il decrit It M. Brook ses souffrances dans le panier au linge sale n’est plus’eelle de F alstalf racontant ses exploits contre les voleurs de Gadsliill, et se tirant ensuite si plaisamment d’alaire lorsqu’il est pris en mensonge. Le besoin de se vanter n’est plus un de ses premiers besoins ; il lui fantde Pargént, avant tout