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511 LE Mluwrmuu DE VENISE.

Mais ses yeux... comment a-t=il pu voir pour les faire ! Un seul achevé suffisait, je crois, pour le priver des deux siens, et lui faire laisser l’ouvrage imparfait. Mais voyez, autant la réalité de mon imagination fait tort à cette ombre par des éloges trop au-dessous d’elle, autant cette ombre se traîne avec peine loin de la realité. Voici le rouleau qui contient le sommaire de ma destinée. ` (11 lit.)

Vous qui ne choisissez point sur Tapparence, Vous avez bonne chance et bon choix.

Puisque ce bonheur vous arrive,

Soyez content, n’en cherchez pas d’autre. S1 celui-ci vous satisfait,

Et que vous regardiez votre sort comme votre bonheur. Tournez-vous vers votre dame,

Et prenez-en possession par un baiser amoureux. Charmant écrit ! Belle clame, avec votre permission. (ltïembmsse.) Je nie présente le billet a la main pour donner et pour recevoir : semblable à celui fle deux concurrents se clisputautle prix, qui pense avoir satisfait le public, mais qui, lorsqu’il entend les applaudissements, et les acclamations universelles, trouble, s’a1*rète et regarde avec incertitude, 110 sachant pas bien si c’est zi lui que s’adresse cette bordec de louanges. Ainsi, trois fois belle Portîa, je demeure en doute de ce que je vois jusqu’i ce que vous Payez confirme, signe et ratifié : 1=on*r1A:-Seigneur Bassanio, vous me voyez ou je suis, ct telle que je suis ! Pour moi seule, je ii’aurais pas Panihition de vouloir l beaucoup mieux : Mais pour l’amour de vous, je voudrais pouvoir tripler vingt fois mes mérites, être mille fois plus belle, dix inille fois plus riche. Je voudrais, seulement poiiretre placée plus haut dans votre estime, surpasser en vertus, en beauté, en biens, en amis, tout ce qui se peut compter. Mais ce que je suis au total se réduit, pour vous le dire en gros, a ceci, zi une fille simple, peu instruite, sans expérience, heureuse en ce qu“elle n’est pas hors de l’âge d’apprendre, plus heureuse en ce qu’elle n’est pas nee si peu intelligente