Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

52 LE MARCHAND DE VENISE.

(Air chanté, tandis que Bassanio examine les coffres, et semble J se livrer à ses réflexions.)

Dis-moi, où siège l’illusion.

Est-ce dans le cœur, ou dans la tête ? Comment naît-elle ? comment se nourrit-elle ? Réponds, réponds. Y

L’illusion n’engendre dans les yeux,

Elle se nourrit de regards, et l’illusion meurt Dans le berceau qu’elle habite.

Sonnons, sonnons tous la cloche de mort de 1”illusion. Te vais commencer. Ding dong, vole TOUS.

Ding dong, ding dong, vole 1.

nAssAN1o. -G’est ainsi que ce qui paraît le plus en dehors repond le moins à Yapparence. Le monde est sans cesse deçu par l’ornement. En justice est-il un argument si souille, si pervers, qu’une voix gracieuse ne puisse l’envelopper de façon à cacher le mal qui s’y trouve renferme ? En religion, est-il une erreur damnable, qu’un front sévère ne sanctifie et ne fasse passer au moyen Cllllll texte qui en cachera la grossièreté sous une sèiluisante parure ? Il n’est pas de vice si ingenu qui n’emprunte à 1, GXl.Ôl'Î61.11' quelques caractères de la vertu. Que de poltrons, au -cœur aussi peu sur qu“un escalier de sable, portent cependant sur leur menton les barbes d’Hercule et du terrible Mars ! Pènétrez dans leur intérieur, vous ne trouverez que des foies blancs comme du lait : ils ne prennent du courage que co qu’il jette en dehors, pour se rendre redoutables. Regardez la beauté, etvous verrez qu’elle s’achete au poids de ce metal qui opère en ceci un miracle dans' la nature, rendant plus

  • Ding dofng bell. Ce refrain est destiné Ii imiter le son de la

cloche qui ne se pourrait rendre en français en traduisant liell par cloche, qui est le mot correspondant. On y a substitué rôle, qui exprime une des manières de sonner la cloche, et produit ù peu près le même effet imitatif.