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344 RICHARD 11.

1 crains bien, obscurci tous les jours heureux sur la terre. Oh ! rappelle le jour d’hier, ordonne au temps de revenir, et tu auras encore douze mille combattants mais ce jour, ce jour, ce malheureux jour, ce jour de trop a fait disparaître ton bonheur, tes amis, ta fortune et ta grandeur : tous les Gallois, sur le bruit de ta mort, sont allés joindre Bolinghroke, ou se sont dispersés et enfuis.

AUMERLE.-Prenez courage, mon souverain. Pourquoi 1Votre Seigneurie pâlit-elle ainsi ? menann.-Il n“y a qu“un moment que le sang de vingt mille hommes triomphait dans mon visage, et ils ont tous fui ! jusqu’à ce qu’il me soit revenu autant de sang, n’ai-je pas des raisons d’être pale et d’avoir l’air mort ? Tous ceux qui cherchent leur sureté abandonnent mon parti : le temps a fait une tache a mon éclat. antisens.—Prenez-courage, mon souverain, rappelez vous qui vous êtes.

maman.-Je m’oubliais moi-même. Ne suis- je pas roi ? Réveille-toi, indolente majesté. Tu dors ! Le nom de roi ne vaut-il pas quarante mille noms ? Arme-toi, arme-toi, mon nom ! un vil sujet s’attaque a ta grande gloire !-Ne baissez point les yeux, vous, favoris d’un roi. Ne somrnes-nous pas grands ? Que nos pensées soient grandes ! Je sais que mon oncle York a des forces suffisantes pour suffire a nos besoins.-Mais qui vois-je s’avancer vers nous ?

— (Entre Seroop.)

scaoor.-Puisse-t-il advenir à mon souverain plus de santé et de bonheur que ma voix, montée à la tristesse, ne saurait lui en annoncer !

nxcH !\ o.—Mon oreille est ouverte et mon cœur est prépare. Le pis que tu puisses n’apprendre est une perte temporelle. Dis, mon royaume est-il perdu ? Eh bien ! il faisait tout mon souci ; et que prd-on.zi être délivre de soucis ? Bolingbroke aspire-t-il zi être aussi grand que nous ? il ne sera jamais plus grand. S’il sert Dieu, nous le servirons aussi, et par là. nous serons son égal. Nos sujets se révoltent-ils ! Nous ne pouvons y remédier : ils