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41\rroN1o, .-Est-ce là. dire quelque chose ? Bassanrçrfüratiano est1`homme de Venise qui débite le plus de riens, Ge qu’il 35 a de bon dans tous ses discours est comme deux grains de ble caches dans deux boisseaux de son. On les cherche un jour entier avant de les trouver, et quand on les a, ils ne valent pas la peine, qu’on a prise. ' ' `

aiyronro.-Fort bien. Dites-moi : quelle est donc cette dame auprès de laquelle vous avez juré de faire un secret pèlerinage, et que vous n’avez promis de me nommer auj ourd’hui ? È " '

nassamo.-Vous n’ignorez pas, Antoniogdans quel clè1abrementj’ai mis mes afiaires, én voulant faire une plus haute figure que ne pouvait me le permettre longtemps ma médiocre fortune ; je ne m’afflige pas maintenant d’être prive des moyens de soutenir ce noble état ; mais mon premier souci est de me tirer avec honneur des dettes considérables que j*ai contractées par un peu trop de prodigalité. C’est zi vous, Antonio, que Je dois le plus, tant en argent qu’en amitié ; et c’est de votre amitié que j’attends avec confiance les moyens d’accomplir tous mes desseins, et les plans que je forme pour payer tout ce que je dois.

—Anromoi-Je vous prie, mon cher Bassanio, de me les faire connaître ; et, s’ils se renferment comme vous le faites vous-même dans les limites de l’honneur, soyez sur que ma bourse, ma personne et tout ce que j*ai de ressources en ce monde sont zi votre service., —n4ssl~, N1o.-Loz’sque j’etais écolier, des que j’avais perdu une de mes flèches, j’en décochais une autre dans la même direction, ` mettant plus d’attention a suivre son vol, afin de retrouverÿautre ; et, en risquant de perdre les deux, je les retrouvais toutes deux. Je vous cite cet exemplé de mon enfance, parce que je vais vous parler le langage de la canrleur. Je vous. dois beaucoup : et comme il arrive à un jeune homme livre à. ses fantaisies, ce que je vous dois est perdu. Mais si vous voulez risquer une autre flèche du même côté où vous avez

  • lance la première, je ne doute pas que, par ma vigilance