près d’elle, tout l’édifice que j’ai bâti dans mon imagination peut se renverser sur mon odieuse vie. Sous un autre rapport, cette nouvelle n’est pas si désagréable – Je vais lire la lettre et y répondre.
Elle sort.
Albanie. – Et où était son fils, tandis qu’ils lui arrachaient les yeux ?
Le messager. – Il était venu ici avec Milady.
Albanie. – Mais il n’est pas ici.
Le messager. – Non, mon bon seigneur ; je viens de le rencontrer comme il s’en retournait.
Albanie. – Sait-il cette méchanceté ?
Le messager. – Oui, mon bon seigneur : c’est lui qui a dénoncé son père, et il n’a quitté le château que pour laisser un plus libre cours à la punition.
Albanie. – O Glocester, je vis pour te remercier de l’attachement que tu as montré au roi, et pour venger tes yeux ! — Viens, ami, viens m’instruire de ce que tu peux savoir de plus.
Ils sortent.
Scène III
Le camp français près de Douvres. Entrent Kent et le gentilhomme.
Kent. – Pourquoi le roi de France est-il reparti si promptement ? En savez-vous la raison ?
Le gentilhomme. – On a pensé, depuis son arrivée, à des choses qu’il avait laissées imparfaites dans ses États et qui menaçaient la France d’un si grand danger qu’elles demandaient impérieusement qu’il y retournât en personne.
Kent. – Et qui a-t-il laissé à sa place pour général ?
Le gentilhomme. – Le maréchal de France monsieur Le Fer.
Kent. – La reine, en lisant les lettres que vous avez apportées, a-t-elle donné quelque signe de chagrin ?