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revêt d’une haire et se confie à la mer. Il brave une tempête qui brise à demi son vaisseau mortel, et cependant il poursuit sa route. Maintenant voulez-vous connaître cette épitaphe, c’est celle de Marina faite par la perfide Dionysa : (Gower lit l’inscription gravée sur le tombeau de Marina.) « Ci-gît la plus belle, la plus douce et la meilleure des femmes, qui se flétrit dans le printemps de ses jours ; elle était la fille du roi de Tyr, celle que la mort a si cruellement immolée ; elle portait le nom de Marina. Fière de sa naissance, Thétis engloutit une partie de la terre ; voilà pourquoi la terre, craignant d’être submergée, a donné aux cieux celle qui naquit dans le sein de Thétis ; voilà pourquoi (et elle ne cessera jamais) Thétis fait la guerre aux rivages de la terre. » Aucun masque ne convient à la noire scélératesse comme la douce et tendre flatterie. Laissez Périclès, voyant que sa fille n’est plus, poursuivre ses voyages au gré de la fortune, pendant que notre théâtre vous représente le malheur de sa fille dans le séjour profane où elle est renfermée. Patience donc, et figurez-vous tous maintenant que vous êtes à Mitylène.

(Il sort.)


Scène V

Mitylène. Une rue devant le mauvais lieu.

Deux jeunes gens de Mitylène sortent de la maison.

Premier jeune homme : Avez-vous jamais entendu pareille chose ?

Second jeune homme : Non, et jamais on n’entendra pareille chose en pareil lieu, quand elle n’y sera plus.

Premier jeune homme : Mais se voir prêcher là ! Avez-vous jamais rêvé une telle chose ?