épouser le chevalier étranger, ou ne jamais revoir le jour ni la lumière. Madame, fort bien ; votre choix est d’accord avec le mien : j’en suis charmé. Comme elle fait la décidée avant de savoir si j’approuve ou non ! Allons, je l’approuve ; et je n’admettrai pas plus de retard. Doucement, le voici ; il me faut dissimuler.
(Entre Périclès.)
Périclès : Mille prospérités au bon Simonide !
Simonide : Recevez le même souhait ; je vous remercie de votre musique d’hier soir : je vous proteste que jamais mes oreilles ne furent ravies par une mélodie aussi douce.
Périclès : Je dois ces éloges à l’amitié de Votre Altesse et non à mon mérite.
Simonide : Seigneur, vous êtes le maître de la musique.
Périclès : Le dernier de tous ses écoliers, mon bon seigneur.
Simonide : Permettez-moi une question. Que pensez-vous, seigneur, de ma fille ?
Périclès : Que c’est une princesse vertueuse.
Simonide : N’est-elle pas belle aussi ?
Périclès : Comme un beau jour d’été, merveilleusement belle.
Simonide : Ma fille, seigneur, pense de vous avantageusement ; au point qu’il faut que vous soyez son maître : elle veut être votre écolière, je vous en avertis.
Périclès : Je suis indigne d’être son maître.
Simonide : Elle ne pense pas de même : parcourez cet écrit.
Périclès : Qu’est-ce que ceci ? Elle aime, dit cette lettre, le chevalier de Tyr. (À part.) C’est une ruse du roi pour me faire mourir. Ô généreux seigneur, ne cherchez point à tendre un piège à un malheureux étranger qui ne prétendit jamais à l’amour de votre fille, et se contente de l’honorer.
Simonide : Tu as ensorcelé ma fille, et tu es un lâche.
Périclès : Non, de par les dieux ! Seigneur, jamais je n’eus une pensée capable de vous faire outrage ; je n’ai rien fait pour mériter son amour ou votre déplaisir.