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adoraient avant leur chute n’oseraient leur donner la sépulture.

Escanès : Voilà qui est étrange.

Hélicanus : Et juste cependant : le roi était grand, mais sa grandeur ne pouvait être un bouclier contre le trait céleste, le crime devait avoir sa récompense.

Escanès : Cela est vrai.

(Entrent trois seigneurs.)

Premier Seigneur : Voyez, il n’y a pas un seul homme pour lequel, dans les conférences particulières ou dans le conseil, il ait les mêmes égards que pour lui.

Second Seigneur : Nous saurons enfin nous plaindre.

Troisième Seigneur : Maudit soit celui qui ne nous secondera pas.

Premier Seigneur : Suivez-moi donc : seigneur Hélicanus, un mot.

Hélicanus : Moi ? Soyez donc les bienvenus. Salut, seigneurs.

Premier Seigneur : Sachez que nos griefs sont au comble et vont enfin déborder.

Hélicanus : Vos griefs ! quels sont-ils ? N’outragez pas le prince que vous aimez.

Premier Seigneur : Ne vous manquez donc pas à vous-même, noble Hélicanus : si le prince vit, faites-le-nous saluer, ou dites-nous quelle contrée jouit du bonheur de sa présence ; s’il est dans ce monde, nous le chercherons, s’il est dans le tombeau, nous l’y trouverons. Nous voulons savoir s’il vit encore pour nous gouverner ; ou, s’il est mort, nous voulons le pleurer et procéder à une élection libre.

Second Seigneur : C’est sa mort qui nous semble presque certaine. Comme ce royaume sans son chef, tel qu’un noble édifice sans toiture, tomberait bientôt en ruine, c’est à vous comme au plus habile et au plus digne que nous nous soumettons. Soyez notre souverain.

Tous : Vive le noble Hélicanus !

Hélicanus : Soyez fidèles à la cause de l’honneur ; épargnez-moi vos suffrages, si vous aimez le prince Périclès. Si je me rends à vos désirs, je me jette dans la