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cette bruyante musique étourdit les dames, elles aiment les hommes en armes autant que leurs lits. (Les chevaliers dansent.) L’exécution a répondu à mon attente. Venez, chevalier, voici une dame qui veut avoir son tour ; j’ai entendu dire que vous autres chevaliers de Tyr vous excellez à faire sauter les dames, et que vous dansez plus en mesure que personne.

Périclès : Oui, seigneur, pour ceux qui veulent bien s’en contenter.

Simonide : Vous parlez comme si vous désiriez un refus. (Les chevaliers et les dames dansent.) Cessez, cessez, je vous remercie, chevaliers ; tous ont bien dansé, mais vous (à Périclès) le mieux de tous. Pages, prenez des flambeaux pour conduire ces chevaliers à leurs appartements. Quant au vôtre, seigneur, nous avons voulu qu’il fût tout près du nôtre.

Périclès : Je suis aux ordres de Votre Majesté.

Simonide : Princes, il est trop tard pour parler d’amour, car je sais que c’est le but auquel vous visez. Que chacun aille goûter le repos ; demain chacun fera de son mieux pour plaire.

(Ils sortent.)


Scène IV

Tyr. Appartement dans le palais du gouverneur.

Hélicanus entre avec Escanès.

Hélicanus : Non, non, mon cher Escanès, apprends cela de moi. Antiochus fut coupable d’inceste ; voilà pourquoi les dieux puissants se sont enfin lassés de tenir en réserve la vengeance due à son crime atroce. Au milieu même de sa gloire, lorsque dans l’orgueil de son pouvoir il était assis avec sa fille sur un char d’une inestimable valeur, un feu du ciel descendit et flétrit leurs corps jusqu’à les rendre des objets de dégoût. Ils répandaient une odeur si infecte qu’aucun de ceux qui les