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net de travers ? Depuis quelques jours, je vous trouve un peu trop renfrognée.

Le fou. – Tu étais un joli garçon, quand tu n’avais pas besoin de t’inquiéter si elle fronçait le sourcil ; mais aujourd’hui te voilà un zéro en chiffres : je vaux mieux que toi maintenant ; je suis un fou, et toi tu n’es rien – Allons, par ma foi, je vais tenir ma langue. A Gonerille. Car votre figure me l’ordonne, quoique vous ne disiez rien, chut ! chut ! Celui qui ne garde ni mie ni croûte, Las de tout se trouvera pourtant manquer de quelque chose. Montrant Lear. C’est une gousse de pois écossés.

Gonerille. – Seigneur, ce n’est pas seulement votre fou à qui tout est permis, mais d’autres encore de votre insolente suite, qui censurent et se plaignent à toute heure, élevant sans cesse d’indécents tumultes qui ne sauraient se supporter. J’avais pensé que le plus sûr remède était de vous faire bien connaître ce qui se passe ; mais je commence à craindre, d’après ce que vous avez tout récemment dit et fait vous-même, que vous ne protégiez cette conduite, et que vous ne l’encouragiez par votre approbation : si cela était, un pareil tort ne pourrait échapper à la censure, ni laisser dormir les moyens de répression. Peut-être dans l’emploi qu’on en ferait pour le rétablissement d’un ordre salutaire, vous arriverait-il de recevoir quelque offense dont on aurait honte dans tout autre cas, mais qu’on serait alors forcé de regarder comme une mesure de prudence.

Le fou. – Car vous savez, noncle, Que le moineau nourrit si longtemps le coucou, Qu’il eut la tête enlevée par les petits. Ainsi la chandelle s’est éteinte, et nous sommes restés dans l’obscurité.