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Edmond. – Un héraut ! Holà ! Un héraut !

Albanie. – N’attends rien que de ta seule valeur, car tes soldats, levés en mon nom, ont en mon nom reçu leur congé.

Régane. – La souffrance triomphe de moi.

Albanie. – Elle n’est pas bien ; conduisez-la dans ma tente. Régane sort accompagnée. Entre un héraut. — Approche, héraut : que la trompette sonne, et lis ceci à haute voix.

Un officier. – Sonnez, trompette.

Le héraut, lit – « S’il est dans l’armée quelque homme de rang et de qualité convenable qui veuille soutenir contre Edmond, soi-disant comte de Glocester, qu’il est plusieurs fois traître, qu’il paraisse au troisième son de la trompette : Edmond soutient hardiment le contraire. »

Edmond. – Sonnez.

Premier ban de la trompe.

Le héraut. – Encore. Deuxième ban. —Encore.

Troisième ban – Un moment après une autre trompette répond du dehors. Edgar entre armé, précédé d’un trompette.

Albanie, au héraut – Demande-lui quel est son dessein, et pourquoi il paraît à l’appel de la trompette.

Le héraut. – Qui êtes-vous ? votre nom, votre qualité, et pourquoi répondez-vous à cette sommation ?

Edgar. – Sachez que j’ai perdu mon nom, mordu d’un cancre et rongé par la dent aiguë de la trahison : cependant je suis noble tout autant que l’adversaire que je viens combattre.

Albanie. – Quel est cet adversaire ?

Edgar. – Quel est-il celui qui parle pour Edmond, comte de Glocester ?

Edmond. – Lui-même ! Qu’as-tu à lui dire ?

Edgar. – Tire ton épée, afin que si mon langage offense un noble cœur, ton bras puisse te faire justice. Voici la mienne. C’est le privilége de mon rang, de mon serment et de ma profession. Je proteste, malgré