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Régane. – Madame, je ne me sens pas bien ; autrement je vous dirais tout ce que j’ai sur le cœur. A Edmond. — Général, prends mes soldats, mes prisonniers, mon patrimoine ; dispose d’eux, de moi-même ; la place t’est rendue. Je prends ici le monde à témoin que je te fais mon seigneur et maître.

Gonerille, à Régane – Prétendez-vous le posséder ?

Albanie. – Une telle décision ne dépend pas de votre bon plaisir.

Edmond. – Ni du tien, seigneur.

Albanie. – Certes si, vil métis.

Régane, à Edmond – Fais battre le tambour, et prouve que mes droits sont les tiens.

Albanie. – Attendez encore ; écoutez la raison – Edmond, je t’accuse ici de haute trahison, et dans l’accusation je comprends ce serpent doré Montrant Gonerille – Quant à vos prétentions, mon aimable sœur, je m’y oppose dans l’intérêt de ma femme : elle a sous-traité avec ce seigneur, et moi, comme son mari, je mets opposition à vos bans : si vous voulez vous marier, c’est à moi qu’il vous faut faire l’amour ; madame lui est promise.

Gonerille. – C’est une comédie !

Albanie. – Tu es armé, Glocester ; que la trompette sonne ; et si personne ne paraît pour prouver contre toi tes trahisons odieuses, manifestes, accumulées, voilà mon gage. Il jette son gant. Avant que j’aie mangé un morceau de pain, je prouverai dans ton cœur que tu es tout ce que je viens de te proclamer.

Régane. – Oh ! je me sens mal, très-mal.

Gonerille, à part – Si tu ne l’étais pas, je ne me fierais jamais plus au poison.

Edmond, jetant son gant – Voilà mon gant en échange. Qui que ce soit au monde qui me nomme traître, il en a menti comme un vilain. Fais appeler à son de trompe, et si quelqu’un ose s’approcher : contre lui, contre toi, contre tout venant, je maintiendrai fermement ma loyauté et mon honneur.

Albanie. – Holà ! Un héraut !