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cause l’emporte. Si jamais je reviens encore vers vous, je vous apporterai des nouvelles consolantes.

Il sort.

Glocester. – La grâce du ciel vous accompagne, ami !

Bruits de combat, puis une retraite. Rentre Edgar.

Edgar. – Fuis, vieillard ; donne-moi ta main : fuyons, le roi Lear a perdu la bataille ; lui et sa fille sont prisonniers : donne-moi la main, marchons.

Glocester. – Non, pas plus loin, mon cher : un homme peut pourrir même ici.

Edgar. – Quoi ! encore de mauvaises pensées ! Il faut que les hommes subissent en ce monde l’ordre du départ comme celui de l’arrivée. Il ne s’agit que d’être prêt ; venez.

Glocester. – Vous avez raison.

Ils sortent.



Scène III

Le camp anglais, près de Douvres. Entrent Edmond triomphant, avec des enseignes et des tambours ; Lear et Cordélia prisonniers, des officiers, des soldats, etc.

Edmond, à des officiers – Que quelques officiers se chargent de les emmener : bonne garde jusqu’au moment où ceux à qui il appartient de disposer de leur sort auront fait connaître leurs volontés.

Cordélia. – Nous ne sommes pas les premiers qui, avec la meilleure intention, ont eu le plus mauvais sort. Je suis abattue pour toi, roi opprimé : il me serait autrement bien aisé de rendre à la fortune infidèle mépris pour mépris – Ne verrons-nous point ces filles, ces sœurs ?

Lear. – Non, non, non, non, viens : allons à la prison ; seuls ensemble, nous deux, nous y chanterons comme des oiseaux en cage. Quand tu me demanderas ma bénédiction, je me mettrai à genoux et je te demanderai par-