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gination, et présente quelque chose de réel, mais de toute façon, d’admirable et d’étrange.

(Entrent Lysandre, Démétrius, Hermia et Hélène.)

THÉSÉE. — Voici nos amants qui viennent pleins de joie et d’allégresse. — Que le bonheur et de longs jours d’amour accompagnent vos cœurs, aimables amis !

LYSANDRE. — Que des jours plus beaux encore suivent les pas de Votre Altesse, et éclairent votre table et votre couche !

THÉSÉE. — Allons, quelles mascarades, quelles danses aurons-nous pour consumer sans ennui ce siècle de trois heures, qui doit s’écouler entre le souper et l’heure du lit ? Où est l’ordonnateur habituel de nos fêtes ? Quels divertissements sont préparés ? N’y a-t-il point de comédie, pour soulager les angoisses de cette heure éternelle ? Appelez Philostrate.

PHILOSTRATE. — Me voici, puissant Thésée.

THÉSÉE. — Dites ; quel passe-temps avez-vous pour cette soirée ? Quelle mascarade ? Quelle musique ? Comment tromperons-nous l’ennui du temps paresseux, si nous n’avons pas quelque plaisir pour nous distraire ?

PHILOSTRATE. — Voilà la liste des divertissements qui sont préparés. Choisissez celui que Votre Altesse préfère voir le premier. (Il lui remet un écrit.)

THÉSÉE lit. — Le combat des centaures pour être chanté par un eunuque athénien, sur la harpe. — Nous ne voulons pas de cela ; j’en ai fait tout le récit à ma bien-aimée, à la gloire de mon parent Hercule. — _La fureur des bacchantes enivrées, déchirant le chantre de la Thrace dans leur rage_. — C’est un vieux sujet ; et je l’ai vu jouer la dernière fois que je revins vainqueur de Thèbes. — _Les neuf muses pleurant la mort de la Science, récemment décédée dans l’indigence[1]. — C’est quelque critique, quelque satire mordante, et cela ne va pas à une fête de noces. — _Une ennuyeuse et courte scène du jeune Pyrame, avec sa maîtresse Thisbé ;

  1. Allusion à un poëme de Spencer. Ce poëte mourut de misère en 1598.