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Jamais je n’ai entendu de dissonance aussi harmonieuse, et un vacarme aussi agréable.

THÉSÉE. — Mes chiens sont de race lacédémonienne, à large gueule, tachetés de roux, leurs têtes sont ornées de longues oreilles pendantes qui balayent la rosée du matin ; les jambes sont arquées comme celle des taureaux de Thessalie ; ils sont lents à la poursuite, mais assortis en voix comme des cloches accordées à l’octave. Jamais cri plus harmonieux ne fit retentir les tayauts, et ne fut égayé par les cors, dans la Crète, à Sparte ou dans la Thessalie. Vous allez les entendre et en juger. — Mais, chut ! quelles sont ces nymphes ?

ÉGÉE. — Mon prince, c’est ma fille qui est endormie ici : celui-ci, c’est Lysandre ; voilà Démétrius ; et voici Hélène, la fille du vieux Nédar. Je suis bien étonné de les trouver ici tous ensemble.

THÉSÉE. — Sans doute ils se seront levés de grand matin pour célébrer la fête de mai ; et, instruits de nos intentions, ils sont venus ici orner la pompe de notre hymen. Mais, parlez, Égée ; n’est-ce pas aujourd’hui le jour où Hermia doit donner sa réponse sur son choix ?

ÉGÉE. — Oui, mon prince.

THÉSÉE. — Allez, ordonnez aux chasseurs de les réveiller au bruit du cor.

(On entend des cors et des cris de joie.)

(Démétrius, Lysandre, Hermia et Hélène se réveillent en sursaut et se relèvent.)

THÉSÉE. — Bonjour, mes amis : la Saint-Valentin[1] est passée.—Ces oiseaux des bois ne commencent-ils à s’accoupler qu’à présent ?

(Tous se prosternent devant Thésée.)

LYSANDRE. — Pardon, mon prince.

THÉSÉE. — Je vous prie, levez-vous tous : je sais que vous êtes deux rivaux ennemis. Comment s’est opérée cette paisible réunion entre vous ? Comment votre haine

  1. Allusion au proverbe que les oiseaux commencent à s’accoupler à la Saint-Valentin.