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au cavalier Fleur-des-Pois à me gratter la tête : il faudra que j’aille trouver le barbier, monsieur ; car il me semble que j’ai furieusement de poil à la figure ; et je suis un âne si délicat que, pour peu que mon poil me démange, il faut que je me gratte.

TITANIA. — Mon doux ami, voulez-vous entendre un peu de musique ?

BOTTOM. — J’ai une assez bonne oreille en musique. Allons, faites venir les pincettes et la clef.

TITANIA. — Ou dites, cher amour, ce qui vous ferait plaisir à manger.

BOTTOM. — À dire vrai, un picotin d’avoine : je pourrais mâcher votre bonne avoine sèche ; il me semble que j’aurais grande envie d’une botte de foin ; du bon foin, du foin parfumé, il n’y a rien d’égal à cela.

TITANIA. — J’ai une fée déterminée qui ira fouiller dans le magasin de l’écureuil, et qui vous apportera des noix nouvelles.

BOTTOM. — Je préférerais une poignée ou deux de pois secs ; mais, je vous prie, que personne de vos gens ne me dérange ; je sens une certaine exposition au sommeil qui me vient.

TITANIA. — Dors, et je vais t’enlacer dans mes bras.—Fées, partez, et dispersez-vous dans toutes les directions. Ainsi le chèvre-feuille parfumé s’entrelace amoureusement : ainsi le lierre femelle entoure de ses anneaux les bras d’écorce de l’ormeau[1]. Oh ! comme je t’aime ! oh ! comme je t’adore ! (Ils dorment.)

(Oberon s’avance. Puck revient.)

OBERON. — Sois le bienvenu, bon Robin, vois-tu ce charmant spectacle ? Je commence à avoir pitié de sa folie. Tout à l’heure, l’ayant rencontrée derrière le bois, cherchant de douces fleurs pour cet odieux imbécile, je lui en ai fait des reproches et me suis querellé avec elle. Elle avait ceint ses tempes velues d’une couronne de fleurs odorantes et fraîches ; et cette rosée qui s’enflait

  1. Ulmo conjuncta marito.