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parlez point d’Hélène : ne prenez point son parti ; car si jamais vous prétendez lui donner le moindre signe d’amour, vous le payerez cher.

LYSANDRE. — Eh bien, à présent, elle ne me retient plus : voyons, suivez-moi, si vous l’osez, et allons décider qui de nous deux a le plus de droit au cœur d’Hélène.

DÉMÉTRIUS. — Te suivre ? Je vais marcher à côté de toi. (Lysandre et Démétrius sortent.)

HERMIA. — C’est vous, madame, qui êtes la cause de cette querelle ! Non, ne vous en allez pas.

HÉLÈNE. — Je ne me fie point à vous, et je ne resterai pas plus longtemps dans votre compagnie maudite ; vos mains sont plus promptes aux coups que les miennes, mais mes jambes sont plus longues pour les éviter. (Elle sort.)

HERMIA. — Je suis confondue et ne sais que dire. (Hermia poursuit Hélène.)

OBERON. — Voilà l’ouvrage de ta négligence ; tu fais toujours des bévues, ou c’est à dessein que tu joues de ces tours.

PUCK. — Croyez-moi, roi des fantômes, c’est une méprise. Ne m’aviez-vous pas dit que je reconnaîtrais l’homme à son costume athénien ? Et je suis innocent de l’erreur que j’ai commise, puisque c’est en effet un Athénien dont j’ai oint les yeux ; mais je suis loin d’être fâché de ce qui est arrivé, puisque je regarde cette querelle comme un divertissement.

OBERON. — Tu vois que ces amants cherchent un lieu pour se battre : hâte-toi donc, Robin, pars ; redouble l’obscurité de la nuit, couvre à l’instant la voûte étoilée d’un épais brouillard, aussi noir que l’Achéron ; et puis, égare si bien ces rivaux acharnés, que l’un ne puisse jamais se rencontrer dans le chemin de l’autre : tantôt forme ta langue à parler comme la voix de Lysandre, et alors provoque Démétrius par des défis amers ; tantôt raille Lysandre comme si tu étais Démétrius, et éloigne-les sans cesse l’un de l’autre, jusqu’à ce que le sommeil, image de la mort, se glisse sur leurs paupières avec ses jambes de plomb et ses ailes de chauv