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faire de mon enfer un ciel, en mourant de la main que j’aime si tendrement. (Ils sortent.)

OBERON. — Nymphe, console-toi. Avant qu’il quitte ces bosquets, tu le fuiras, et il recherchera ton amour.

(Puck revient.)

OBERON. — As-tu la fleur ? Sois le bienvenu, vagabond.

PUCK. — Oui, la voilà.

OBERON. — Donne-la-moi, je te prie. Je connais une rive où croît le thym sauvage, où la violette se balance auprès de la primevère, et qu’ombragent le suave chèvrefeuille, de douces roses musquées, et le bel églantier. C’est là que, pendant quelques heures de la nuit, Titania, fatiguée des plaisirs de la danse, s’endort au milieu des fleurs ; c’est là que le serpent se dépouille de sa peau émaillée, vêtement assez large pour envelopper une fée. Je veux frotter légèrement les yeux de Titania, et lui remplir le cerveau d’odieuses fantaisies. Prends-en aussi un peu, et cherche dans ce bocage. Une belle Athénienne est éprise d’un jeune homme qui la repousse ; mets-en sur les yeux de ce beau dédaigneux ; mais aie bien soin de le faire au moment où son amante s’offrira à ses regards. Tu reconnaîtras l’homme aux habits athéniens qu’il porte. Accomplis ce message avec quelques précautions, afin qu’il puisse devenir plus idolâtre d’elle qu’elle ne l’est de lui ; et songe à venir me rejoindre avant le premier chant du coq.

PUCK. — N’ayez aucune inquiétude, mon souverain : votre humble serviteur exécutera vos ordres. (Ils sortent.)




Scène IV

(Une autre partie du bois.)

TITANIA arrive avec sa cour.


TITANIA. — Allons, un rondeau[1], et une chanson de fées ;

  1. Roundel, couplet de chanson qui commence et finit par la même sentence, qui redit in orbem. Roundel signifie aussi une ronde.