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NOTICE


SUR LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ




Le Songe d’une nuit d’été peut être regardé comme le pendant de la Tempête. C’est encore ici une pièce de féerie, où l’imagination semble avoir été le seul guide de Shakspeare. Aussi, pour la juger, fautil ne pas oublier son titre et se livrer au caprice du poëte, qui a dû sentir luimême tout ce qu’aurait de choquant pour un esprit méthodique et froid le mélange bizarre de la mythologie ancienne et de la mythologie moderne, le transport rapide du spectateur d’un monde réel dans un monde fantastique, et de celuici dans l’autre. La Vie de Thésée, dans Plutarque, et deux contes de Chaucer, ont peutêtre fourni à Shakspeare quelques traits de son ouvrage, mais l’imitation y est trèsdifficile à reconnaître.

On préfère généralement la Tempête au Songe d’une nuit d’été. Le seul Schlegel semble pencher pour cette dernière pièce ; Hazzlitt n’est point de son avis, mais il ajoute que si la Tempête est une meilleure pièce, le Songe est un poëme supérieur à la Tempête. On trouve, en effet, dans le Songe, une foule de détails et de descriptions remarquables par le charme des vers, la richesse et la fraîcheur des images : « La lecture de cette pièce, dit Hazzlitt, ressemble à une promenade dans un bosquet, à la clarté de la lune. »

Mais estil rien de plus poétique que le caractère de Miranda et la pureté de ses amours avec Ferdinand ? Ariel aussi l’emporte de beaucoup sur Puck, qui est l’Ariel du Songe d’une nuit d’été, mais qui en diffère essentiellement par son caractère, quoique ces deux personnages aériens aient entre eux tant de ressemblance par leurs fonctions et les situations où ils se trouvent. Ariel, dit encore le