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talons.

SIR TOBIE, à Viola.--Il n’y a point de remède. Il faut qu’il se batte
avec vous, à cause de son serment. Il a réfléchi depuis sur sa querelle,
et il trouve à présent qu’à peine vaut-elle la peine d’en parler : ainsi,
dégainez seulement pour l’honneur de sa parole : il proteste qu’il ne
vous blessera pas.

VIOLA.--Dieu me protége ; il ne s’en faut guère que je ne leur dise tout
ce qu’il me manque pour être un homme.

FABIAN.--Cédez le terrain, si vous le voyez trop furieux.

SIR TOBIE, à sir André.--Allons, sir André, il n’y a pas de remède,
il n’y a pas moyen de l’éviter, le gentilhomme ne poussera qu’une botte
contre vous, pour sauver son honneur : il ne peut, par les lois du duel,
s’en dispenser : mais il m’a promis, foi de gentilhomme et de soldat,
qu’il ne vous blessera pas. Allons, en garde.

SIR ANDRÉ.--Dieu veuille qu’il tienne sa parole !

(Il tire l’épée.)

VIOLA.--Je vous assure que c’est contre ma volonté.

(Elle tire l’épée.)

(Entre Antonio.)

ANTONIO, à sir André.--Remettez votre épée : si ce jeune gentilhomme
vous a fait quelque insulte, j’en prends la faute sur moi. Si vous
l’offensez, je vous défie en son nom, j’embrasse sa défense et vous
attaque.

(Dégaînant.)

SIR TOBIE, à Antonio.--Vous, monsieur ? Quoi ! qui êtes-vous ?

ANTONIO.--Un homme, monsieur, qui, pour l’amour de ce jeune cavalier,
fera plus encore que vous ne l’avez entendu se vanter à vous de faire.

SIR TOBIE.--Si vous êtes un entrepreneur[60], je suis à vous.

(Il tire l’épée.)

(Entrent les officiers de justice.)

[Note 60 : Undertaker devint un terme satirique à l’occasion que voici.
À la session du parlement, en 1614, ce fut l’opinion générale que le roi
avait été engagé à convoquer le parlement par certaines personnes qui
avaient entrepris (undertaken) de favoriser les vues du roi par leur
influence dans la Chambre des communes. On les appela undertakers ; la
chose devint si sérieuse que le roi jugea nécessaire de dissuader le
peuple par deux discours. Bacon fit aussi une harangue à cette occasion.
Peut-être aussi undertaker n’est-il ici que pour désigner ces
bretteurs de profession qui se chargent des affaires des