au seigneur Timon que les yeux des pauvres ont vu le puissant, pieds en haut, tête en bas.
timon. — Il est emprisonné, dites-vous ?
le serviteur de ventidius. — Oui, mon bon seigneur. Cinq talents sont toute sa dette. Ses moyens sont restreints, ses créanciers inflexibles. Il implore une lettre de votre Grandeur à ceux qui l’ont fait enfermer ; si elle lui est refusée il n’a plus d’espoir.
timon. — Noble Ventidius ! Allons. — Il n’est pas dans mon caractère de me débarrasser d’un ami quand il a besoin de moi. Je le connais pour un homme d’honneur qui mérite qu’on lui donne du secours : il l’aura ; je veux payer sa dette et lui rendre la liberté.
le serviteur de ventidius. — Votre Seigneurie se l’attache pour jamais.
timon. — Saluez-le de ma part : je vais lui envoyer sa rançon ; et lorsqu’il sera libre, dites-lui de me venir voir. Ce n’est pas assez de relever le faible, il faut le soutenir encore après. Adieu !
le serviteur de ventidius. — Je souhaite toute prospérité à votre Honneur.
le vieillard. — Seigneur Timon, daignez m’entendre.
timon. — Parlez, bon père.
le vieillard. — Vous avez un serviteur nommé Lucilius ?
timon. — Il est vrai ; qu’avez-vous à dire de lui ?
le vieillard. — Noble Timon, faites-le venir devant vous.
timon. — Est-il ici ou non ? Lucilius !
lucilius. — Me voici, seigneur, à vos ordres.
le vieillard. — Cet homme, seigneur Timon, votre créature, hante de nuit ma maison. Je suis un homme qui, depuis ma jeunesse, me suis adonné au négoce ; et mon état mérite un plus riche héritier qu’un homme qui découpe à table.