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ade ancienne.]

LE BOUFFON.--Malepeste ! le chevalier est dans une merveilleuse folie.

SIR ANDRÉ.--Oui, il s’en tire assez bien, quand il est bien disposé, et
moi aussi : il fait le fou avec plus de grâce que moi ; mais je le fais
plus au naturel.

SIR TOBIE, chantant.--Ah ! le douzième jour de décembre.

MARIE.--Au nom de Dieu, taisez-vous.

(Entre Malvolio.)

MALVOLIO.--Hé ! mes maîtres, êtes-vous fous ? ou qu’êtes-vous donc ?
N’avez-vous ni esprit, ni savoir-vivre, ni honnêteté, pour bavarder
comme des chaudronniers à cette heure de la nuit ? Faites-vous une
taverne de la maison de madame, que vous vous égosillez ainsi à crier
vos airs de tailleurs, sans adoucir ou baisser vos voix ? N’avez-vous
donc aucun respect pour le lieu, les personnes et les temps ?

SIR TOBIE.--Nous avons gardé les temps, monsieur, dans nos canons. Allez
au diable[37].

[Note 37 : C’est le sens qu’il faut donner, selon Malone, à ces mots :
Sneck up.]

MALVOLIO.--Sir Tobie, il faut que je sois tout rond avec vous. Ma
maîtresse m’a donné ordre de vous dire que, quoiqu’elle vous reçoive
comme son parent, elle n’a point de parenté avec vos désordres. Si vous
pouvez vous séparer de votre mauvaise conduite, vous serez toujours le
bienvenu dans sa maison : sinon, s’il vous plaisait de prendre congé
d’elle, elle est toute disposée à vous faire ses adieux.

SIR TOBIE, chantant.--Adieu, cher cœur, puisqu’il faut que je
parte[38].

[Note 38 : Chanson qu’on trouve dans le recueil de Percy.]

MALVOLIO.--Oui, bon sir Tobie.

SIR TOBIE, chantant.--Ses yeux dénotent que ses jours sont bientôt à
leur fin.

MALVOLIO.--Les choses en sont-elles là ?

SIR TOBIE, chantant.--Mais moi, je ne mourrai jamais.

LE BOUFFON.--En cela vous mentez, sir Tobie.

MALVOLIO.--Pour cela, je suis très-disposé à vous croire.

SIR TOBIE, en chantant.--